Alors que les Suisses dévalent déjà les pistes et que les Autrichiens prévoient d’ouvrir le 17 décembre, les stations françaises en sont encore à préparer leur saison, sans savoir quand elles obtiendront le feu vert du gouvernement.
C’est l’espoir qui nous fait vivre en ce moment », résume pour l’AFP Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), face à la très grande prudence du gouvernement quant à un desserrement progressif du confinement d’ici Noël.
Si tous les acteurs de la montagne et de son or blanc – 350 stations, 10 milliards d’euros de retombées économiques – ont les yeux rivés sur les courbes de l’épidémie de Covid-19, personne n’ose pronostiquer la vitesse de la décrue.
Dans l’attente, un protocole sanitaire est peaufiné depuis des semaines sous l’égide du préfet de la Savoie, pour un envoi dans les prochains jours à la cellule interministérielle de crise.
Le secrétaire d’Etat aux PME, Alain Griset, a promis mardi de « revoir la semaine prochaine » des entreprises de montagne à la situation « préoccupante » pour leur donner « une visibilité sur cette première partie de saison ».
L’avant-saison représente 13,5% de la fréquentation et Noël 13,0% environ, quand février et mars pèsent pour plus de la moitié.
« On a les mains sur le buzzer; on sera prêts dès que le feu passera au vert. Et ce sera +bienvenue dans les stations avec des règles bien préparées et diffusées », affirme Jean-Marc Silva, directeur de France Montagne, organisme de promotion de la destination.
Dans les Pyrénées, les stations se préparent aussi à ouvrir. « Le moment venu, si la neige est là et qu’on est autorisés à exploiter, nous serons prêts », affirme Christophe Esparseil, qui dirige les trois stations de Haute-Garonne.
« On se prépare normalement », assure Georges Vigneau, à la tête de cinq stations ariégeoises. « On a embauché les personnels qui devaient l’être ».
Il devrait être possible de skier à visage découvert sur les pistes. En revanche, le masque sera obligatoire dans les files d’attente, les remontées mécaniques, les rassemblements des cours de ski et les commerces, selon des protocoles testés l’été dernier.
Moitié moins de réservations
Un été où la fréquentation a été meilleure qu’espéré grâce aux Français et aux néophytes, dont les stations attendent le retour pour compenser l’absence des touristes étrangers.
Pour l’heure le reconfinement a « ralenti les réservations » mais « il n’y a pas de risque à réserver » car « les différents acteurs proposent quasiment tous des annulations sans frais », insiste M. Silva.
Malgré cela, « la semaine de Noël enregistre -50% de réservation et celle du Nouvel An -40% », relève Eric Brèche, président des Syndicat national des moniteurs du ski français.
Les stations veulent rassurer et mettent en avant le besoin des Français de se « ressourcer » grâce à des vacances « plaisir », après des mois de crise sanitaire.
Mais sans hôtellerie ni restauration, pas de saison de ski.
Les propos de la ministre du Travail Elisabeth Borne, qui a incité à embaucher des saisonniers, quitte à les mettre rapidement au chômage partiel, « est un bon signal car il ne faut pas que les 120.000 saisonniers soient les grands oubliés de cette crise », martèle M. Boch, aussi maire de La Plagne.
Mais ce discours « n’est pas clair pour 2021 », estime François Gauthier, président de la commission Hôtels au GNI, le syndicat patronal des indépendants de l’hôtellerie-restauration.
« Il faut que le chômage partiel puisse bénéficier à tous les saisonniers, y compris ceux embauchés pour la première fois, dans toutes les entreprises, sur l’ensemble de la saison », dit-il.
Le secteur craint notamment que les indemnisations soient moins favorables à compter du 1er janvier.
Plus alarmiste, Pierre Didio (FO Savoie estime que si les 15.000 employés des remontées mécaniques devraient avoir droit au chômage partiel, « la grande majorité des saisonniers n’y aura pas accès, car ils ne seront sans doute pas embauchés ».
Selon Antoine Fatiga (CGT), responsable des saisonniers en Auvergne-Rhône-Alpes, « 30 ou 40% des saisonniers, déjà très précaires », pourraient « rester sur le carreau ».