Airbus veut utiliser la cryogénie pour rendre ses futurs avions plus propres
C’est une percée majeure dans la propulsion électrique pour les avions long-courrier qui pourrait bientôt se profiler à l’horizon.
Lundi 29 mars, Airbus a dévoilé un projet de démonstrateur baptisé ASCEND. L’idée est de tirer profit des températures cryogéniques de l’hydrogène liquide pour optimiser la puissance électrique du moteur.
Le constructeur européen, contraint de repenser sa flotte pour la rendre écologique dans les 15 ans à venir, a dévoilé ce projet de démonstrateur pour lui permettre d’espérer atteindre cet objectif.
Chimère ou véritable espoir? Si les techniciens et industriels du monde entier devisent toujours sur la faisabilité d’un avion commercial propulsé à l’hydrogène, Airbus continue de travailler d’arrache-pied pour y parvenir. C’était d’ailleurs l’engagement du constructeur européen, en septembre dernier, en échange de l’aide financière publique pour traverser la pire crise de l’histoire du secteur aérien.
Airbus avait alors dévoilé des visuels léchés de ce que à quoi pourrait ressembler un avion propulsé par de l’hydrogène, un gaz qui se transforme en eau et évite donc le rejet de gaz à effets de serre.
Mais un moteur à hydrogène n’a rien de simple. Si on peut encore débattre sur l’importance de son impact sur le climat (encore faut-il que la production d’hydrogène soit propre), l’enjeu est particulièrement technique puisque ce gaz, qui occupe un volume très important, doit être réduit sous sa forme liquide à -253°C pour être stocké en quantité suffisante.
Optimiser l’énergie
C’est un premier challenge pour Airbus puisque cela implique des réservoirs spécifiques et plus complexes à réaliser. L’autre inconvénient de l’hydrogène, c’est qu’il n’apportera probablement l’énergie nécessaire au décollage.
Ce sont sur tous ces sujets que les ingénieurs d’Airbus travaillent d’arrache-pied. Ce lundi, le groupe a dévoilé un projet de démonstrateur baptisé ASCEND, pour « Advanced Superconducting and Cryogenic Experimental powertraiN Demonstrator ». L’idée est de tirer profit des températures cryogéniques de l’hydrogène liquide pour optimiser la puissance électrique du moteur.
Airbus s’appuie sur les travaux déjà centenaires sur la supraconductivité du néerlandais Heike Kamerlingh Onnes, prix Nobel de Physique en 1913. Ce phénomène, qui se manifeste à des températures proches du zéro absolu (-273°C), permet le transport de l’électricité sans perte d’énergie en utilisant certains matériaux comme l’aluminium.
« Les systèmes électriques peuvent être refroidis afin d’augmenter considérablement les performances de l’ensemble du système de propulsion électrique », écrit Airbus dans un communiqué. Autre avantage, cette technique permet de réduire le poids du système électrique sur des futurs appareils dont il faudra faire la chasse aux kilos.